Quand Ch’ti Biloute débarque en Irlande… 27 juin, 2008
Posté par thinkblog dans : Non classé , trackbackLe cinéma a cela de passionnant qu’il est à la fois prescripteur de certaines attitudes (la consommation de cigarette dans les films des années 50-60) mais également le reflet d’un état d’esprit à un moment donné. C’est ce côté révélateur qui est intéressant dans le succès de Bienvenue chez les Ch’tis.
Il y a des phénomènes qui, en apparence, n’ont aucun lien entre eux. En météorologie, on appelle cela l’effet papillon. C’est le météorologue Lorentz en 1972 qui a imaginé ce terme pour imager le principe de cause à effet imprévisible. Sociologiquement les domaines où peuvent s’exercer ce type d’influence sont multiples. Dans un monde hypermédiatique et réfléchissant, toutes les sphères culturelles s’influencent sans cesse et les va et vient entre elles sont constants (comme en atteste l’omniprésence de la musique rock dans la mode). Dès lors, penchons-nous un instant sur deux domaines a priori sans beaucoup d’influence, le cinéma et la politique. Bien sûr ce couple vous fait penser à des films engagés voire militants. Michael Moore (Bowling for Columbine, Farenheit 9/11, Sicko…) ou dans un autre genre Robert Guédiguian (Marius et Jeannette, Le Promeneur du Champs de Mars, Le voyage en Arménie…) dénoncent à leur manière la politique économique et sociale de leurs pays respectifs, les USA et la France.Mais si ces films marquent le spectateur, ils restent des succès d’estime dont la cible est plus proche de Télérama que de TV Sept jours.
A sa façon, Bienvenue chez les Ch’ti (BCLC) et ses 22 millions de spectateurs nous en apprend beaucoup plus sur l’Europe que nos hommes politiques face aux non des Irlandais au Traité de Lisbonne le 13 juin dernier. Film franco-français sortie le 27 février dernier, cette comédie nous montre comment une destination très peu glamour et attractive a priori (le Nord), devient l’éden de ceux qui ont du soleil dans le cœur et pas ailleurs (comme le dit si bien Enrico). Bienvenue chez les Ch’tis est donc un zoom constant sur les plus petits et sur la différence, autrement dit l’exact opposé de l’uniformité du plus grand nombre.
Au libéralisme conquérant et à la la globalisation qui uniformise, la France répond régionalisme et particularisme. En effet, il semble que la géographie des mentalités n’obéit pas du tout à celle des volontés politiques économiques européennes. L’histoire, l’économie et la politique vont dans le même sens : l’union par tous les moyens. Depuis 50 ans pour éviter la guerre aussi bien que pour échanger économiquement (comme avec la création de la CECA en 1951), les politiques sur tous les continents, quelles soient européennes, américaines ou asiatiques, créent des espaces communs d’échange (U.E, ALENA, ASEAN). L’uniformisation, porté par le modèle américain est devenue globale. Coca, Starbuck, Mac Donald, ou encore Gap sont devenus des points de repère pour tous les voyageurs de la planète. L’uniformité est une réalité économique et la profonde volonté des politiques simplificatrices mondiales. Mais qu’en est-il des aspirations des citoyens ?
Le non à l’Europe, le non aux OGM, le combat Bovéiste contre Mac Do et Bienvenue chez les Ch’tis montre à quel point les Français ne veulent pas de ce modèle. Tout élargissement supplémentaire entraîne un repli communautaire. Plus rien n’a de sens, on ne comprend pas les discours du pouvoir (Premier Traité de Lisbonne incompréhensible), on ne fait plus confiance aux experts politiques et autres (La droite et la gauche avaient appelé à voter oui). Finalement la seule attache qui subsiste est celle qui relient les gens entre eux tous les jours. À chaque instant de nouvelles communautés se fondent sur des choses simples, sur une histoire partagée. Il suffit parfois de ressentir la même chose pour créer une communauté. Le site www.angryjournalists.com, est un véritable mur des lamentations virtuel où chacun partage la même aversion pour son « stupid cocksucker » de manager. Ainsi le journaliste sait qu’il n’est pas le seul à subir son collègue ou son patron qui eux aussi, anonymement peuvent se plaindre de lui sur ce même site… et la boucle est bouclée.
Tout le monde recherche des croyances, des valeurs, des espoirs, des rêves, une vision du monde qu’il va pouvoir partager avec d’autres, quelle qu’elle soit afin de créer du lien. Si 22 millions de Français sont allés voir BCLC, ce n’est pas que parce que c’est drôle, pas que parce que Dany Boon est bon acteur, ou pas que parce que le Comité Départementale du tourisme du Nord s’ennuie, mas avant tout pour créer du lien. Se retrouver entre Français, avec notre humour, notre mauvaise foi, pour nous voir nous, tel que nous sommes, tel que l’est notre voisin ou notre postier, voilà à quoi sert BCLC.
Dans le film de Danny Boon deux valeurs sapées par la libéralisation et les politiques économiques mais chères aux Français subsistent : le lien et la proximité. En effet, l’évolution de la gouvernance fait le chemin contraire, toujours plus d’élargissement, toujours plus d’uniformité. En votant Ch’ti au box office, la France prouve qu’Astérix a encore besoin de s’isoler. Reste à savoir comment l’oncle Sam, qui a racheté les droits de BCLC (via les bras musclés de Will Smith) va adapter cette exception française…
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